Nombreuses sont les entreprises qui adoptent le social learning pour offrir des expériences d’apprentissage nouvelles et plus passionnantes à leurs employés. Cette méthode d’apprentissage diamétralement opposée aux habitudes pédagogiques traditionnelles permettrait de stimuler la performance organisationnelle et l’efficacité des activités de formation à un niveau plus élevé. Selon les auteurs adeptes de ce concept, cela est dû à la nature sociale de l’Homme. C’est en effet en échangeant avec les autres qu’il apprendra plus vite et plus efficacement. Un enfant par exemple peut apprendre de nouveaux comportements en observant et en étant en relation avec d’autres personnes. Si on le prive de cette relation, même en bénéficiant d’un enseignement classique, il pourrait ne jamais se comporter comme les autres.

En entreprise également, l’apprentissage est plus efficace lorsque tout le monde (employés, cadres et dirigeants) accepte d’échanger et d’interagir. Peu importe sa place dans la hiérarchie de l’entreprise, chacun a forcément quelque chose à apprendre de l’autre. C’est ce qu’estime en tout cas le concept de social learning. Le social learning vous intéresse ? Si c’est le cas, découvrez comment ce concept d’apprentissage fonctionne et sur quelles études et théories il s’appuie ? Nous aborderons également les composants de l’apprentissage social.

En quoi consiste le social learning ?

Défini dans les années 70 par le sociologue canadien Albert Bandura, « social learning » peut se traduire par « apprentissage social ». Il s’agit d’un mode d’apprentissage collaboratif principalement exploité par les entreprises. À la différence de l’enseignement classique qui privilégie une diffusion des leçons selon un mouvement vertical à sens unique, uniquement du professeur vers les élèves, avec le social learning, l’enseignement et la formation s’appuient sur le partage d’informations entre apprenants ou collègues.

Avec ce concept, même si certains ont forcément plus à offrir que d’autres, il n’y a donc plus de « détenteur » unique du savoir et de la connaissance. L’échange de savoirs, de compétences et d’expérience se fait entre collègues. Et beaucoup de dirigeants d’entreprise et d’auteurs s’accordent sur le fait qu’il s’agit de la meilleure solution pour le développement rapide de l’entreprise, mais également des salariés.

À l’époque, Albert Bandura s’était rendu compte que l’apprentissage, à ne pas confondre avec l’enseignement, est plus facile lorsque les personnes sont en groupe et échangent entre eux. Les informations utiles obtenues grâce à des échanges entre individus seraient mieux retenues.

Quelques études et théories sur lesquelles s’appuie l’apprentissage social

Le social learning s’appuie donc sur plusieurs théories et études.

Le modèle d’apprentissage 70-20-10

Le modèle 70-20-10 fait partie des études ou plus exactement des résultats d’études qui confortent le concept de social learning en entreprise. Le modèle 70-20-10 soutient que 70% de nos apprentissages sont issus de nos expériences et pratiques de travail au quotidien. 20% viennent de nos interactions informelles avec les collègues et seulement 10% proviennent de formations et d’événements éducatifs structurés formels.

Les entreprises utilisent ce modèle pour déplacer leur objectif de formation vers la performance en capitalisation sur l’apprentissage par l’expérience, la socialisation. Les méthodes de formation formelles ne viennent qu’en troisième position. Ignorer l’apprentissage social, c’est faire une croix sur les 20% des connaissances qui permettraient pourtant d’avoir des effectifs hautement performants. Sans oublier le fait que pour une entreprise, la mise en place des conditions favorables à l’apprentissage social s’avère beaucoup moins cher que de payer des formations à ses effectifs, alors que ces dernières sont moins efficaces (seulement 10%).

La théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura

Cette théorie repose sur un constat simple : l’Homme apprend et évolue en observant les autres. Par exemple, une personne qui observe la réussite ou l’échec d’autres dans une tâche ou une mission particulière peut tirer profit de cette observation, il s’agira d’un sentiment d’efficacité qui l’aidera à réussir. Dans sa théorie sur l’apprentissage social, en plus de l’observation, Albert Bandura note également l’importance de l’interaction humaine dans la formation et l’apprentissage.

Selon les nombreuses études qu’il a menées, les individus seraient beaucoup plus sensibles à la perception qu’ont les autres de leurs compétences. C’est à cause de cela que les feed-back évaluatifs, les encouragements, les avis de personnes signifiantes sont si efficaces pour aider une personne à s’améliorer.

Lev Vygotsky et sa théorie de l’apprentissage par le groupe

Pour Lev S. Vygotski, notre pensée et nos façons de faire en général sont les résultats de ce que nous faisons avec nos proches. Ces derniers peuvent inclure nos parents, nos enseignants, nos enfants ou encore nos collègues avec qui nous passons énormément de temps au travail. La théorie qu’il a élaborée avance que le développement des compétences découle d’une interaction entre les personnes. Plus cette interaction est enrichie et encouragée et mieux les personnes qui en bénéficient et en font partie mûrissent et se développent plus vite.

Le social learning à l’ère des réseaux sociaux et d’internet

À l’ère des réseaux sociaux et d’internet, l’interaction entre les individus n’est plus forcément physique. Elle peut aussi être virtuelle, tout en étant bien réelle. Notamment à travers les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter ou encore LinkedIn et les innombrables sites et blogs sur internet, ainsi que l’existence d’interactions comme les « likes », les commentaires, les posts ou encore les messageries instantanées… Tous ces canaux ont permis la construction de nombreuses communautés virtuelles dans lesquelles les individus peuvent communiquer et apprendre des autres.

En entreprise, les réseaux sociaux et internet en général figurent parmi les conditions favorables à l’apprentissage social. Néanmoins, il faut aussi inclure parmi les conditions, l’ouverture et la transparence des processus décisionnels, la participation, le dialogue, la confiance et le respect entre chaque individu.

Les principaux composants de l’apprentissage social

L’apprentissage social inclut l’observation, l’évaluation, l’imitation et la volonté de s’identifier aux autres.

Observation

L’apprentissage social s’effectue en observant le comportement des autres. Beaucoup de choses s’acquièrent et s’apprennent grâce à l’observation. Il peut s’agir du comportement à adopter pour réaliser une action en particulier. C’est grâce à l’observation également qu’on s’informe des conséquences d’actions ou d’inactions. Une bonne capacité à observer permet à un individu de tout connaître au sujet d’une situation en particulier sans pour autant l’avoir déjà vécu.

Évaluation

Prenons l’exemple d’un comportement ou d’une action exécutée par un individu qui va être observée par un autre. Après avoir été observé, l’action ou le comportement va ensuite être évalué par l’observateur, notamment pour déterminer si ses résultats et réactions sont souhaitables. Si c’est le cas, le comportement observé va pouvoir être assimilé.

Imitation

L’imitation est une manière comme une autre, et certainement la plus simple et la plus efficace, pour assimiler un comportement ou une façon de faire. Ainsi, pour obtenir exactement les mêmes résultats ou la même conséquence d’une action menée par un individu ou tout un groupe d’individus, l’individu qui observe va imiter la façon dont le comportement ou l’action a été exécuté. Pour réussir comme l’a fait l’individu ou le groupe d’individus, l’observateur peut aller jusqu’à imiter les caractères de ces derniers, leurs habitudes ou encore refaire les formations qu’ils ont suivies.

Le désir de s’identifier aux autres

Le social learning repose sur la volonté de s’identifier aux autres et à leurs réalisations, ou gagner l’appréciation de ces modèles. C’est grâce à ce processus qu’une personne va internaliser ou adopter les comportements d’autrui.

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